Deux élections récentes dans les systèmes électoraux à représentation proportionnelle illustrent une différence majeure entre ceux-ci et les systèmes majoritaires uninominaux.
La Nouvelle-Zélande a passé un mois sans savoir qui formerait le gouvernement. Les candidats du parti national ont remporté 41 des 71 sièges de l’électorat et le parti travailliste en a gagné 29. New Zealand First n’en a gagné aucun. Cependant, les sièges compensatoires sont accordés aux partis qui ne réussissent pas à faire élire leurs candidats, donc le nombre final de sièges était National 56, Travaillistes 46, NZ First 9, Vert 8, ACT 1. Un mois après l’élection, c’était le chef du parti anti-immigration NZ First, qui venait de perdre son propre siège et 25% des sièges de son parti, qui a décidé que le leader travailliste devrait être le premier ministre au lieu du leader national.
En Allemagne, près de deux mois après les élections, aucune décision n’a encore été prise sur qui formera le gouvernement. Le parti CDU d’Angela Merkel a remporté 185 des 299 sièges électoraux, son plus proche rival 59 sièges, mais encore un fois les sièges compensatoires sont allés à 5 autres partis, ce qui rend impossible de former un gouvernement de moins de 3 ou 4 partis.
Dans le scrutin uninominal majoritaire à un tour, et encore plus avec un vote préférentiel ou à deux tours, quand il y a un choix difficile à faire comme qui devrait former le gouvernement, ce sont les électeurs qui font les compromis requis. Que ce soit par le vote stratégique dans le SMU ou par le deuxième ou le troisième choix dans les scrutins préférentiels, les électeurs utilisent leur deuxième choix pour s’assurer que le gouvernement fasse partie de leurs meilleurs choix, même si ce n’est pas leur premier.
Dans les systèmes proportionnels, ce ne sont pas les électeurs qui prennent la décision de qui devrait gouverner, mais certains chefs de parti. Basé sur des hasards mathématiques qui n’étaient pas la décision consciente de l’électorat, la décision sera prise par le chef d’un ou plusieurs petits partis. Le niveau de soutien dont ces partis ont besoin pour être habilités à prendre cette décision est assez faible. Enlever ce pouvoir à un petit parti est difficile. Même si près de 95% de la population est d’accord que ce chef de parti ne devrait pas être celui ou celle qui prend cette décision, cela ne suffit généralement pas pour leur enlever leur pouvoir de couronner.
La théorie de ces systèmes est que les chefs politiques sont meilleurs que les électeurs aux négociations pragmatiques pour prendre cette décision. Du point de vue de ceux qui ont une grande confiance dans leur parti de premier choix, cela a du sens. Mais concrètement, les électeurs prennent systématiquement ces décisions pragmatiques pour soutenir quelqu’un d’autre pour le plus grand bien. À quand remonte la dernière fois que vous avez vu un politicien faire cela, un compromis pour le plus grand bien? Les dirigeants des petits partis font-ils les mêmes compromis et décisions que feraient les électeurs? Les faits montrent que non. Lorsqu’on leur a demandé qui ils approuvaient le plus, le gouvernement ou l’opposition, les électeurs du SMU et des systèmes préférentiels choisissaient le gouvernement et ceux qui utilisent les systèmes proportionnels choisissaient l’opposition. En moyenne, les systèmes proportionnels mettent le «mauvais» côté au gouvernement, et ces gouvernements sont plus susceptibles d’inclure un parti dont la majorité désapprouve.
Selon l’opinion de 123 Canada, ce sont les électeurs, et non les chefs de petits partis, qui devraient décider qui est le gouvernement. Permettre aux électeurs d’exprimer leur deuxième choix est un excellent moyen de le faire. Plutôt que de donner le pouvoir aux dirigeants des petits partis, il donne le pouvoir à leurs partisans, les électeurs individuels, en leur demandant, pas aux politiciens, « si ce n’est pas votre premier choix alors qui? »