Scrutin préférentiel pour le Canada

Les partis élisent leur chef avec un scrutin préférentiel 1,2,3. Élisons les députés de cette façon!

Qui bénéficierait d’un scrutin préférentiel?

La prétention selon laquelle le scrutin préférentiel aurait pour conséquence plus de gouvernements majoritaires centristes est-elle vraie? Les faits semblent indiquer le contraire, moins de majorités et moins d’avantage aux partis centristes. Tant en Australie avec le vote alternatif, qu’en France avec le vote à deux tours, deux formes de vote préférentiel, les partis centristes n’ont pas eu grand succès.

canada_2006_federal_election_seatsL’histoire du vote préférentiel est pleine de surprises karmiques. Le vote alternatif a été introduit en Australie par le Parti nationaliste, certains disent pour contrer le Country Party montant qui « prenait » ses votes et lui faisait perdre des sièges en faveur du parti travailliste. On pensait qu’avec le nouveau mode de scrutin le Country Party serait éliminé et le deuxième choix des électeurs de ses candidats irait aux nationalistes. En fait les nationalistes ont perdu un tiers de leurs sièges au Country Party et furent contraints à faire coalition avec le Country Party, dont les termes comprenaient la démission de leur chef. Les deux partis existent encore cent ans plus tard, sous des noms différents, et la coalition des deux alterne souvent au pouvoir avec le Parti travailliste. Des partis centristes ont surgi au fil des ans, mais jamais ils n’ont bien réussi. Il y a eu des gouvernements minoritaires, majoritaires, et de coalition, et de nombreux indépendants ont été élus à chaque élection depuis 1990.

Des histoires semblables émergent dans les provinces canadiennes de la Colombie-Britannique, en Alberta et au Manitoba, qui ont introduit le vote alternatif dans l’espoir de réduire l’influence du CCF ou du parti Crédit social. Habituellement, ça s’est retourné contre le parti au pouvoir qui l’a introduit, mais a conduit à des gouvernements stables, moins contentieux, souvent avec les partis dont ils avaient l’intention de diminuer les sièges. Que le système soit SMU ou vote préférentiel, les électeurs ont tendance à obtenir ce qu’ils veulent, mais le scrutin préférentiel leur donne avec moins de distorsion.

Il y a quinze ans, est-ce que le Parti réformiste et les progressistes-conservateurs auraient eu d’aussi mauvais résultats en raison du fractionnement du vote si le Canada avait utilisé le scrutin préférentiel? Ça dépend à quel point la division du vote a été atténuée par le vote stratégique ou a bénéficié à d’autres, sur si et candidats réforrmistes et PC auraient été de le second choix l’un de l’autre pour leurs électeurs et si le comportement des électeurs aurait changé, mais une chose est certaine : exploiter les divisions entre partis similaires n’aurait pas marché.

Les autres effets du vote préférentiel en Australie sont intéressants. Les partis ayant des valeurs distinctes mais semblables ne sont pas forcés de fusionner pour survivre, car ils ne gênent pas les chances de l’autre. On peut sans crainte voter pour les candidats des petits partis; ce n’est pas un vote gaspillé, ni un qui aide quelqu’un que vous n’aimez pas, donc ils ont donc de bonnes chances d’être élu. Si ils ou elles reçoivent trop peu de voix, les électeurs qui ont voté pour eux sont recherchés pour leur vote de deuxième choix, tellement que les grands partis adoptent certaines des politiques des petits partis afin d’attirer leur vote de deuxième choix. Cela donne à ces électeurs une influence plus directe en vue d’atteindre leurs objectifs, sans ententes en coulisses entre les politiciens.

L’autre effet intéressant est la montée des députés élus indépendants. L’Australie a une moyenne de 4 élus indépendants sans côté (ni du gouvernement, ni de l’opposition) par élection au cours des 25 dernières années. Ils sont généralement élus grâce aux votes de deuxième et troisième choix, et obtiennent un consensus qu’aucun des candidats des grands partis a pu atteindre.

Alors, qui profite le plus? Il n’y a pas de prépondérance de gauche ou de droite ou du centre, c’est ceux qui peuvent mettre de côté les divisions et tendre la main aux électeurs pour qui ils ne sont pas le premier choix. Et si les grands partis ne le font pas alors un des petits partis et des indépendants le fera.

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